Train de vie
Je marche étrangère à moi-même dans les pas d’une vie qui fut la mienne il y a si longtemps. Les stations se succèdent comme autant de sémaphores, de caps qui se présentent agitant leurs lumières au lointain, intimant à mon intime cargo l’ordre de dériver loin d’ici, d'affréter mon plus digne équipage sur les plus beaux rivages distillant les promesses d’une vie plus sauvage. Il est des océans que l’on appelle «passé» & qu’il ne fait pas bon voir se retourner. Ils agitent dans la tourbe des souvenirs impies qui n’ont pas le bon goût de ce whisky iodé qu’ensemble nous partageons dans les derniers feux de cet été d’automne quand la lumière sonne & résonne de mes rires d’enfant.
Alors, comme on tourne les pages d’un livre jauni, j’accélère le train de ces vies dépitées, je fais semblant d’oublier, le train file, je me mire dans le reflet. En effet, tout a changé. Etrangère à celle que j’ai été, je suis fidèle à celle que je suis devenue, à ces mots que je laisse glisser sur ces voiles en papier, à ces amis dont les mots durs & doux m’enveloppent dans cette onde cristalline qu’on appelle poésie, chanson ou diapason. Petite musique qui sursaute au gré des instants, fil de la vie persistant...
A vous tous.
Florence