Maelstrom

Nous nous sommes amarrés contre vents & marées à ce bout de rocher qui, sous nos pas saillait. C'était peut-être fête, un orage s'annonçait, un avis de tempête s'envolait sur nos têtes. Prospero s'alanguit dans les vagues soupçonneuses, d'un mouvement esthète, il commande la tempête & ces flots déchaînés viennent nous chavirer, lentement naufragés. La mer démontée est un spectacle ailé pour qui sait l'admirer. L’écume a des reflets, de mystérieux attraits. Transparence indigente de ces émois tronqués,  troubles de l’éloquence, océan dévasté. Les mots n’ont pas de prise dans ces noirs tourbillons, ils glissent & ils s’agrippent à de vagues soupçons. Dans le fracas des ondes, ils se choquent,  ils s’invitent, ils drainent les espoirs du fond des précipices, articulent des syllabes, s’époumonent en silence, en étouffant les cris de leur vie en démence. Quittant pour un instant ces fantaisies marines, nous avisons le ciel qui d’un regard profond nous propose à voir un spectacle audacieux, tout au moins aussi beau que tous ces maelstroms. Dans la voûte écarlate, des éclairs se profilent, des tourbillons, des pluies, des colères étourdies qui s’enfuient dans la nuit sous nos yeux ébahis. Je m’avance doucement, pose ma main dans la vôtre. Le tonnerre rugit, l’horizon s’obscurcit : il est l’heure d’admirer ces fééries célestes. 

Florence