Spectres théâtreux
«Catherine : Qu’avez-vous ? Vous tremblez de la tête aux pieds.
Lorenzo : Ma mère, asseyez-vous ce soir à la place où vous étiez cette nuit et si mon spectre revient, dites-lui qu’il verra bientôt quelque chose qui l’étonnera.»
Alfred de Musset, Lorrezaccio, Acte II scène 4
Dans la nuit profane, dansent les spectres que l’on croit distinguer dans la torpeur de la nuit glacée. L’ombre de Lorenzo, absent pourtant, se profile dans le regard de sa mère inquiète. La destinée des Médicis va basculer. Nous sommes au théâtre, le rideau rouge s’est levé mais le crime affleure & le sang va couler comme dans les pires tragédies. Un tyran sera renversé, un autre le remplacera, c’est le sens de l’histoire, c’est le sens de la vie, c’est le sens du théâtre, c’est le sens de la tragédie. Le public se repaît de ces histoires sanguinolentes et repart satisfait qui de la Maison de Molière, qui du Théâtre de la Ville. Les mythes fondateurs ont encore de beaux jours devant eux, ils se réitèrent chaque fois,, à chaque siècle, à chaque saison quand Electre enjoint Oreste de tuer leur père, Agamenom.
EN attendant, le spectre de Lorenzo, alias Lorezzaccio est toujours devant l’âtre. Bientôt, les Erynnies volèteront au dessus de sa tête. Quelle vengeance pour des crimes parfois justes ?
Florence