Les abimes
Dans le miroir des abimes, se reflète le désespoir des amibes, pauvres frères humains & errants surnageant dans le brouillard. On pensait avoir tout écrit sur la déchéance, la décrépitude, le désarroi, le délire, tous ces mots qui sonnent comme ces dés que l’on jette sur le tapis de la vie, à la face du destin. Mais, tous les jours, toutes les nuits, on trouve encore à marier ces dissonances absurdes, cette petite musique du hasard qui résonne au fond des bars de nuit, dans les forêts de l’angoisse. Quand minuit sonne, les feuilles vibrent & crissent, les arbres se mettent à parler, arborant d’étranges discours. Quelques mots d’abord inaudibles se matérialisent doucement & accompagnent le voyage en solitaire de ces âmes délabrées qui ont trouvé refuge, pour un temps, dans ce sanhédrine poreux. On ne prend jamais les chemins par hasard, certains s’épaississent dans la nuit qui est censée nous envelopper, parfois nous conseiller. Qu’importe. Sous la lune, dans les astres dispatchant un relent d’amour, des chemins surgissent à l'improviste. Est-ce bien ? Est-ce mal ? Est-ce le gouffre qui nous attire à lui comme jadis il attira Dom Juan laissant Sganarelle pleurnicher au dessus du fossé ? Nul ne le sait vraiment. L’abime a ses secrets qui, jamais, ne seront dévoilés.
Florence