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28 octobre 2012

Improbable

Paris, La Chapelle, Barbés, au carrefour des improbables quand la nuit se mélange à la bière dans les travées de la folie. 

Il était déjà presque huit heures du soir, la ville avait déjà mis son voile noir, Paris resplendissait de ces réverbères que l’on remarque au couchant quand, par une magie qui lui est propre, le ciel s’éteint dans des couleurs pastels. Le rose du boulevard avait pris les teintes de ce fond de ce dernier café que l’on boit pour ce donner du courage au zinc de l’un des derniers bars sur la route, là où les ombres se la jouent border line. Un dernier verre au comptoir, une coupe qui fait figure de calice éperdu sur fond de paradis perdu & la traversée de Paris reprend jonchée de rencontres imprévues, du bruit du verre qui se brise, des néons que l’on attise. On croise au dernier tournant d’improbables anges gardiens nimbés d’un survêtement.  La nuit est noire en diable, comme au dernier acte d’un pièce de théâtre quand le dénouement approche. Ici, c’est différent, c’est un peut comme si on entrait en scène. On croise des visages familiers aux allures rayées, c’est le temps du dernier mégot qui se consume avant de pénétrer dans ce qui ressemble à un sanctuaire inaccessible. La musique enfin s’agite, crépite & se distille salvatrice dans les veines déjà un peu oxydées. Tout défile à la vitesse de l’éclair comme si le temps était pressé de s’inscrire déjà dans le registre des souvenirs. Les dernières notes résonnent, les samples s’effacent doucement pour laisser place aux cris puis, peu à peu, on n’entend plus rien si ce n’est le bruissement des pas qui avancent vers un fumoir improvisé. Une foule s’y est massée, arborant les expressions consacrées, les fous rires des grands jours & les grimaces que l’alcool imprime parfois dans l’espace. On se dit ce que l’on pense, le regard un peu absent, l’iris titubant. Des visages inconnus défilent au milieu de la fumée qui s’épaissit, on parle un peu à n’importe qui, parfois, on reconnaît un visage ami, une communion d’esprit, un trait qui nous relie & l’on évoque l’avenir dans un blizzard incertain, dans le brouillard des âmes qui se confondent. Le métro aérien nous toise souverain, il en a vu tellement d’autres que, sous cape, il ricane, s’envole vers son terminus, rempli jusqu’à la gueule d’autres âmes damnées. Il est bientôt minuit, les horloges chancellent, il est temps d’aviser cet engin métallique pour, promptement, s’y entasser. Sous le soleil du dix-huitième, les cadavres se ramassent à la pelle. On appelle ça une soirée parisienne. Il paraîtrait même que les platines protègent parfois les amoureux...

Florence Marek 

L1000502Photo : Léopold Stuch

 

 

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