Oraison
Quand la raison se défile à l’horizon, il ne reste alors que les tendres oraisons, ces piètres prières que l’on chuchote tout bas, tapissant d’un voile noir les scories de la vie. Kyrielle infinie où les mots s’enchaînent & déchaînent à l’envi le rythme de la folie. Un adjectif revêt son costume le plus sombre pour porter piteusement le deuil des illusions chantant son oraison, débitant sa chanson. Tout autour du tombeau, les mots se congratulent, ils respirent cet humus fraîchement retourné & entonnent un rien étonnés un long panégyrique aux accents désolants, comme si un choeur antique murmurait ces formules. Incantatoire, magique. On fait de beaux discours quand les âmes s’envolent mais on oublie souvent d’aimer les coeurs vivants. J’aimerais vivre un temps où les oraisons ne sont plus de saison, j’aimerais pour jamais que la tendresse se dispute un peu plus à la tristesse.
Florence