Chiromancie

J’aimerais que l’on prédise dans les lignes de ma main les chemins sinueux des amours impossibles, ces belles tragédies que l’on écoute au soir, dans un peu de blizzard quand la pièce est donnée en plein air sur une place. Dans la nuit qui s’allonge, je prêterai ma main, la mettrai à couper, odes aux désespoirs des lendemains qui pleurent. Les héros sur la scène ne sont illuminés que par ces seules lanternes, guirlandes multicolores figurant ces fêtes qu’on donnait tout à l’heure. Le jour s’est obscurci, a fait place à la nuit. Les belles ritournelles à jamais se sont tues, les érynnies s’envolent & rasent le plateau de leurs ailes torves, chauve-souris antiques, directrices de conscience, remords inaliénable dont on se passerait bien. Oreste marche sur un fil, la folie n’est pas loin. Peut-être nous jouera-t-il un peu d’harmonica. Au fond du fond du fond, les dingues croisent toujours les paumés  tutélaires dans les lignes démentielles qui traversent ma main... 

Florence 

Ma main gauche, celle qui écrit...