Un petit matin comme un autre...

C’est un petit matin comme un autre, il est cinq heures, Paris s’éveille doucement. Les gens de la nuit croisent les gens du jour qui se lève. Un dandy quelque peu aviné avise le dernier taxi qui passe, on traverse la Seine comme on traverse un rêve : toutes les lumières du pont sont allumées, l’éclairagiste a bien bossé. Mais, il n’y a pas de metteur en scène, pas de réalisateur, juste quelques acteurs qui ont atterri un peu par hasard sur le pavé parisien, comme s’ils étaient tombés de la lune qu’affectionnait tant Cyrano. Pendant que l’on fume la dernière cigarette, sur le trottoir ruisselant des folies de la nuit, le bon vieux boulanger tout droit sorti de son image d’Epinal prépare les croissants du dimanche matin, le bon pain frais que vendra tout à l’heure sa femme un peu rougeaude, comme ces Gervaise croisées au détour de quelques pages de Zola. Les filles grimées en panthère sortent des bars de nuit, les éboueurs passent d’un air détaché, le film est au fond toujours le même. Oui, c’est un petit matin comme un autre. Tout est pareil & tout est différent. Les lumières de la ville pressentent peut-être un changement. 

Florence