Le(s) Renard(s)

4 avril 2012

“On ne voit bien qu’avec le coeur”, lançait ce drôle de Renard qui voulait être apprivoisé au Petit Prince. Ces quelques syllabes résonnent encore en moi comme un écho de mon enfance quand je remettais invariablement le disque sur la platine & que j’entendais la voix du narrateur, Gérard Philippe, se lancer dans le récit que j’avais fini par connaître par coeur. J’avais le livre ouvert sur les genoux, une très belle édition, avec les images & les débuts de soirées défilaient avec l’allumeur de réverbères, les couchers de soleil & le Renard, donc.

On rencontre souvent des Renards dans la vie. De toute sorte. Certains plus sympathiques que d’autres, certains plus rusés, d’autres assez retors, d’autres qui mordent un peu trop aisément, d’autres enfin si doux que l’on a envie de caresser langoureusement leur si soyeux pelage orange. Mais, de toutes ces sortes de Renards - je dis cela exprès, comme s’il s’agissait d’un assortiment de chocolats enrobés de papier aluminium tous, plus attrayants que les autres -, de toutes ces sortes de Renards, donc, celui que je préfère est sans conteste celui qui cherche à se faire apprivoiser, qui se cache dans l’ombre du soir, qui attend que l’on vienne chaque jour à la même heure, celui qui désire par dessus tout avoir un Ami dans la vie. Pas n’importe quel Ami, un Ami avec un A majuscule & majeur, un de ceux à qui l’on peut tout dire, sur lequel on peut vraiment compter. Drôle de sentiment que l’Amitié, d’ailleurs. Dans la vie, l’Amitié, c’est comme avec les Renards, on côtoie des Amis de toutes sortes mais, quels sont ceux qui gardent avec nous le coeur bien accroché, ce coeur à coeur si réconfortant quand, la nuit tombe & que les ombres du soir s’épaississent sur la lande ? Quand les ombres de la vie meurtrissent nos âmes parfois trop tendres parfois trop fragiles ? Il n’y a pas tant de Renards sur terre, pas tant d’Amis à apprivoiser. J’ai la chance d’en connaître quelques uns. Avec eux, pas besoin d’y voir car, “on ne voit bien qu’avec le coeur”. Ainsi parlait le Renard...

Florence