Transports amoureux
J’avais acheté, il y a de ça bien des années, un recueil dont le nom laisse songeur : “Transports poétiques”. C’était en fait des poèmes & des textes qui avaient pour cadre les transports en commun parisiens &, notamment, le métro. Je me souviens surtout d’un poème de Claude Roy dont le “refrain” disait : “Vous descendez à la prochaine”. Chaque strophe énumérait des stations de métros liées à un souvenir particulier. J’ai déjà bien souvent parlé ici de la géographie ou de la grammaire intime qui est propre à chacun. De la même manière, la cartographie du métro parisien peut se révéler propice à tous les transports, y compris aux transports amoureux, aux souvenirs, aux moments incontournables.
Ainsi, pour moi, tenez, “Porte de Pantin” sera toujours dans mon imaginaire le Zenith de Paris, ses concerts, son chemin mal éclairé même si tout a bien changé depuis, “Pyramides” a la saveur d’une tempura fine et odorante, “Tuileries”, un premier baiser, “Ménilmontant”, un peu de rock, un peu de bières, quelques autres concerts, “Couronnes”, une manif, les Bérus, un samedi de printemps, “Censier Daubenton”, des livres, des lettres, ma fac, “Voltaire”, un sourire qui passe, “Guy Môquet”, des souvenirs qui se prélassent, “Jaurès”, métro aérien, rêves de même facture, “Palais Royal”, un avant-goût rouge & or qui précède le théâtre, “Franklin D. Roosvelt”, “Trocadéro”, “Sablons”, les promenades d’une enfance dorée, “Hoche”, le marché, ma grand-mère, le café du nom du général du même nom, “Oberkampf” & son Bataclan, ses crèpres Immogène aussi, “Porte de Choisy”, un petit restau laotien perdu dans la nuit, “Gobelins”, une dissert finie dans l’urgence, “Bonne nouvelle”, les sourires de ma fille et une glace aux fruits rouges... Il y en a tant d’autres, celles où on a habité, celles où on a aimé, celles qui seront peut-être demain, le théâtre d’un nouvel épisode de nos vies. En attendant, le métro roule, roule, roule...
Florence
PS : Merci à qui de droit pour l'idée de départ...