Rêves d'enfant

“Quand j’étais p’tit, je voulais être Charles Bukowski.”

C’est une chanson de Balbino Médelin, ce sont les paroles d’un refrain que mon petit bonhomme chante à tue-tête à qui veut les entendre. Parfois, les gens, à commencer par savoir s’ils connaissent la sulfureuse carrière & écriture de Charles Bukowski, le regardent d’un air curieux voire franchement étonnés. On n’a pas ce genre de rêve quand on est enfant. Mais au fait, dans quels rêves évolue-t-on quand on est enfant? & plus tard? Dans quelles trames la bien-pensance nous porte-t-elle, nous permet-elle de rêver? Les rêves devraient demeurer un jardin très secret, une antre dans laquelle tout nous est permis, où toutes les rencontres s’avèrent possibles, au carrefour des vivants & des morts, au croisement de cet inconscient qui pense pour nous, nous guide dans des méandres parfois doux, parfois absurdes, dans une folie nécessaire puisqu’elle préside à notre imaginaire, à notre créativité future. Aujourd’hui, les rêves sont souvent formatés, la société de consommation rêve pour nous, nous précède dans nos rêves & anticipe nos désirs sans que parfois, nous n’ayons rien à dire. Ou si peu de chose. Alors, si dans cette période où l’on organise des “fêtes” programmées à notre place, si les enfants n’ont plus qu’à choisir dans les catalogues des souhaits pré-établis, se dire qu’un petit garçon, sans trop savoir ce qu’il dit, chantonne, “à l’ombre de ses rêves”, qu’il veut être Charles Bukowski, je me dis que tout n’est pas encore complètement perdu...