Géographie littéraire

28 juin 2012

D’est en ouest je parcours, par delà ces fiers vents aux allures contraires, les villes, les continents. Ma géographie littéraire n’a pas de frontières quand les héros empruntent les routes sinueuses qui serpentent dans les méandres de l’histoire, dans les prolepses de récits parfois illusoires où la réalité se mêle à la fiction avec, toujours, réminiscent, le parfum de ces rêves d’ailleurs. D’époques en époques, les paumés accusent tous le même visage tortueux cherchant dans la décadence l’occasion d’une dernière danse, d’une dernière valse avec le destin quand la bière coule rance dans les noirs cabarets de l’ennui. A Frisco ou à Saint-Pétersbourg, les histoires se ressemblent, elles ont le goût de ces pages que l’on tourne fébrilement quand les fantômes de la folie planent & guident l’odyssée des voyageurs perdus dans le dédale de ces ruelles, sombres venelles mal éclairées qui ne figurent, au fond, que les détours tordus de l’esprit. A quoi sert la littérature sinon à nous projeter dans ce monde à peine fantasmé que nous croisons pourtant chaque jour ? D’est en ouest, nous naviguons, ouvrant chaque jour de nouveaux volumes, voyageant dans ces contrées lointaines, au détour de ces carrefours improbables. Un jour viendra peut-être le temps où, avisant quelque cargo, nous jetterons l’ancre dans un de ces ports. Nous y croiserons alors Woland, son monocle à la main, il déploiera devant nous ces parchemins, rouleaux originaux de ces routes imaginaires, livrant à la folie & au dénuement tous les personnages, pauvres êtres de papier qui pourtant chaque jour, chaque nuit, vivent en nous puisque nous en déchiffrons le nom, puisque nous les lisons.

Florence