Etre aimé
Nous avons tous besoin d’être aimé, même si cela prend des chemins détournés, même si, le plus souvent, on ne se l’avoue pas, on cherche tous, bon an mal an de l’affection, un peu de ces petites étincelles qui font que l’on se sent vivant. Cela commence dès l’enfance, un regard, un sourire, une bêtise &, presque nonchalamment, avec cependant un petit sourire malicieux au coin des lèvres, l’enfant attire votre attention & demande un petit brin d’amour & de reconnaissance. Quand on grandit, on ne change pas tant que cela. La société dans laquelle nous vivons aujourd’hui nous a mis le doigt dans un drôle d’engrenage. On like. On doit liker. Si on ne nous like pas, on se sent un peu triste, un peu jeté, un peu en dehors du monde, voire un peu jaloux des autres que l’on like sans compter. Alors, on se montre, on se pavane, on essaie d’attirer l’attention, qui par un rire, qui par une pirouette, qui par une photo plus ou moins suggestive, par un peu de musique. Au fond, on ne fait plus d’immenses tours en légo avec la satisfaction infinie de les présenter aux yeux de sa maman que l’on espère fière & heureuse mais, on construit de tout autres choses aux yeux du monde, aux yeux des autres, aux yeux peut-être aussi de ses parents qui ne sont plus là pour le voir.
Cela s’appelle le besoin de reconnaissance. Il est exacerbé chez les artistes, chez nous qui travaillons de la plume, du pinceau, de la guitare, de la voix mais il existe chez chacun d’entre nous, quand, au soir couchant, on attend le dernier texto, la dernière attention, le dernier baiser de la nuit qui tombe & que l’on se souhaite étoilée. D’ailleurs, on dit toujours bonne ou douce par euphémisme car il ne faut jamais trop en dire : aimer trop, c’est se trahir, c’est avouer trop de faiblesse. Non, décidément, nous vivons dans un drôle d’univers...
Alors, & j’en finirais là car, même si les réseaux sociaux n’existaient pas alors, il vaut peut-être mieux relire “Les fragments du discours amoureux” de Barthes que mes élucubrations. Alors, disais-je, quand, au détour de la vie, resurgit, bien des siècles après l’amour d’une vie que l’on croyait à jamais perdu, on se dit que, quelque part, on a peut-être encore un train à prendre pour aviser une route qui sent elle aussi un peu le rock, le cynisme & le whisky mais qui sent aussi le grand amour sans fond bleu au détour, juste avec quelques étoiles alentour.
Florence