Gauchère
Je viens d’une famille où l’on s’offre des livres en toutes occasions. Un anniversaire, c’est une étagère de bibliothèque qui se remplit avec quatre, cinq, six livres nouveaux. Je ne reçois jamais de fariboles ni n’en offre d’ailleurs, on préfère toujours un livre aux chocolats, au parfum, parce qu’au moins “il reste”. Mes parents ont toujours montré de la défiance voire de la méfiance pour les disques qui, d’après eux, n’étaient pas gravés pour l’éternité & s’envoleraient aussi vite que ces notes métalliques qu’ils détestaient superbement. Ils ne pouvaient pas savoir que ma vie allait se construire conjointement sur cette drôle d’alchimie : la poésie des mots, des grands classiques et les riffs extravagants des guitares électriques. Quand on revoit sa vie, on pense souvent aux moments décisifs, aux tournants que l’on a pris & qui ont fait que. La route de l’adolescence était pavée de ces bonnes décisions, comme la route que je prends & reprends par boucles quand je vais près des uns, près des autres chercher quelque poème fut-il au coeur d’un concert un rien saturé. Il faut parfois faire confiance aux enfants dans leurs premiers instants, quand, d’une main gauche, ils commencent à écrire, c’est peut-être là la destinée qu’ils s’écrivent & dont, même bien des années après, malgré les embûches & les errements incontournables, ils n’ont pas à rougir...
Florence
De la main gauche...