Amer breuvage
Je n’ai plus envie d’écrire, juste envie de me haïr, de détester la candeur opaline qui adoucit mes rimes. Tout le monde aimerait ce petit matin parisien, cette promesse de croissants, ce café que l’on boit accoudé au zinc entre deux tours d’une élection sans surprise, écoutant distraitement les oiseaux du lointain discutailler entre eux. Oui, tout le monde l’aimerait mais moi, je le déteste parce que, dans ce café que je bois jusqu’à a déraison, aucun reflet ne transparaît, aucune émotion ne vient le chavirer. Il aurait pu être une mer de diamants, onyx noir de mes pensées profondes, il aurait pu être l’Océan qui me fait dériver le long de ses frêles poésies qui deviendraient les péninsules de mon âme, dernier refuge de mes pensées barbares. Il aurait pu. Mais, le vent du ressac ne souffle pas matin, les rayons du soleil ne dardent pas ce premier réveil, cette drôle de conscience amère qui défie suzeraine les rêves les plus fous & leurs secrets espoirs. Il paraît que le temps est assassin, la colère clandestine. Quand on a raté la gare, il ne reste parfois plus qu’à reprendre le départ.
Florence